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Quel avenir pour l’Europe ? L’avis de Monique Beltrame

Michel PAUTOT (LEGISPORT) avec Madame Monique BELTRAME, Présidente du Comité Européen

LEGISPORT publie cette TRIBUNE que nous a adressée le 11 Mai 2021 Madame Monique BELTRAME, Présidente du COMITE EUROPEEN.

Le Parlement européen a accueilli la Conférence sur l’avenir de l’Europe dimanche 9 mai 2021, pour célébrer la Journée de l’Europe etouvrir l’Europe aux citoyens.

Les Présidents des principales institutions de l’UE, David SASSOLI, Président du Parlement européen, Antonio COSTA, Premier ministre du Portugal, à la tête de la Présidence tournante du Conseil de l’UE , Ursula VON DER LEYEN, Présidente de la Commission européenne ont exprimé leurs convictions pour célébrer cette Union des peuples et présenter leur vision d’avenir en invitant  les citoyens à s’exprimer sur l’Europe.

 Nous sommes, a précisé le président MACRON qui inaugurait la conférence par un discours de bienvenue, à un moment historique à Strasbourg, capitale de l’Europe, siège du Parlement européen. Robert Schuman a voulu que la frontière du Rhin ne soit plus le symbole de la peur mais celui de la réconciliation de la France et de l’Allemagne et du départ pour une communauté de destin à construire au-delà d’un affrontement séculaire. Rappeler les principes fondateurs de partage librement consenti, c’est s’inspirer d’un passé vivant pour construire l’avenir.

David SASSOLI préside le Parlement européen, cette Institution transnationale élue au suffrage universel, unique au monde qui régit les rapports entre des peuples, hier ennemis, sur la base de principes démocratiques. Ainsi, peut-on comprendre que la construction de l’Europe : c’est compliqué ! Gérer démocratiquement une myriade de petits pays si dissemblables par leur histoire, leur culture et leur langue relève de la gestion de la complexité. Pourtant les difficultés liées aux différences ne sont jamais un obstacle insurmontable pour l’Union Européenne toujours à l’écoute du particularisme des régions pour fondre le continent dans une union fondée sur la solidarité. Les autocraties, certes, ont des capacités de réaction plus rapides mais ne s’attardent pas sur les droits de la personne humaine ou sur le respect des différences et n’admettent surtout pas des avis différents même fondés. Il est plutôt imprudent, voire dangereux, dans ces régimes, d’exprimer son opinion. Le bien-être de leur population n’est pas le premier de leur souci tandis que l’homme est au cœur du projet européen.

Certes on peut regretter un certain retard de l’Europe face aux vaccins, d’un mois ou deux. Il n’existait pas de vaccins avant décembre 2020. Conçus en général par les chercheurs européens, ils ont été exploités avec la participation des laboratoires outre-Atlantique. Bien que dépourvue de compétence en matière de santé, la Commission s’est emparée du problème pour organiser sur l’ensemble du continent une action concertée et efficace pour tous. Il a fallu tout inventer. Pour la sécurité du citoyen on a évité de se précipiter pour soumettre les nouveaux produits au contrôle de l’Agence Européenne des Médicaments.  On a lancé des usines de productions qui travaillent jour et nuit. Produire davantage et aller plus vite. L’Europe a accéléré à la fois la production et la vaccination. Aucun pays ne pouvait s’en sortir seul. Grâce au principe de solidarité, fondateur de l’UE, tous les Européens sont traités sur un pied d’égalité.

 Face au danger la Commission Européenne a répondu, sans délégation sanitaire, à l’urgence, conformément à sa conception d’une Europe qui protège en se dotant en pleine crise d’une capacité d’agir.  L’Europe est en train de devenir le premier producteur de vaccins anti covid.  Il faut du temps à notre union, mais le travail une fois accompli, elle avance plus loin et le succès est à la hauteur de ses ambitions.  L’Europe est toujours là pour apporter ‘’une valeur ajoutée’’ à la législation nationale et enrichir les protections européennes, explique António COSTA, parlant au nom de la présidence actuelle du Conseil de l’UE. Où trouve-t-on un tel exemple dans le monde ?  Même les États-Unis, depuis l’épisode du président Trump, prennent l’Europe pour modèle en s’inspirant du plan de relance et rejoignent l’Europe pour l’accompagner dans la distribution des vaccins sur l’ensemble de la planète.

Arrêtons de nous abreuver des faiblesses de l’Europe, chassons ces visions négatives et déformées d’un défaitisme ambiant qui distille le doute, a réclamé le président MACRON.

 Les décisions ambitieuses qui ont été engagées par le plan de relance sont dédiées à la ‘Next Generation EU’, rappelle Mme VON DER LEYEN qui pense avant tout à la jeunesse prise au piège de la pandémie. Non seulement les fonds engagés permettront une reprise mais ils ouvrent une nouvelle direction au développement de l’économie planétaire vers une gestion plus réaliste des ressources naturelles et des exigences pour une adaptation au changement climatique. Là encore, c’est l’Europe qui est leader dans ce projet environnemental.

 Puissante l’Europe ? Pas encore, mais influente, s’engageant toujours plus dans l’objectif de Robert Schuman : ‘’contribuer à l’établissement de la paix mondiale ‘’.

Guy VON VERHOFSTADT, ministre d’État belge, co-président du comité exécutif, rappelle les projets urgent à exploiter et à réaliser. Que de gaspillage lorsque l’on refuse la mutualisation ! Sait-on que les 27 dépensent 4 fois plus que la Russie et 2 fois plus que la Chine en matière de défense » précise-t-il. L’Europe plus forte qu’elle ne le croit, doit être consciente que sa sécurité ne saurait être assurée sans défense commune et sans réponse européenne à la question migratoire, problème évoqué par le Premier ministre Portugais.

Cette conférence voulue pour éveiller les consciences des citoyens, restaurer la confiance et permettre un nouvel élan à l’intégration européenne vers son unité, doit ouvrir de nouveaux horizons. C’est le projet de la jeunesse qui trouvera à s’exprimer dans tous les domaines. Mais il s’agit de bâtir à partir de l’héritage légué. Les grands bâtisseurs de l’Europe ont engagé leur vie et se sont investis dans leur labeur pour extraire le monde de la barbarie permettant à la civilisation de renaître.

Monique BELTRAME

Présidente du Comité européen Marseille