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1991 : fondation de LEGISPORT. 1996 : lancement du bulletin d'informations juridiques sportives LEGISPORT. Tout sur le droit du sport.

« Il ne faudrait pas que le sport soit rattrapé par la question des droits humains »

Par Maître Michel Pautot, docteur en droit, avocat au barreau de Marseille, rédacteur en chef de LEGISPORT

« La Coupe du monde au Qatar va faire progresser » les droits humains de « façon très rapide » et les avancées sont déjà « immenses », a affirmé le 31 mars dans un entretien à l’AFP le Président de la Fédération Française Noël Le Graët.  

Hélas, en même temps, des dépêches venues du monde entier dénonçaient les conditions de travail des agents de sécurité de sociétés privées stigmatisant des journées de travail de plus de douze heures, sept jours sur sept, en préparation du Mondial qui aura lieu du 21 novembre au 18 décembre 2022. Concomitamment, le syndicat français CGT participait à une conférence internationale sur les droits des travailleurs au Qatar en vue de la prochaine Coupe du monde, voulant pointer les obligations de chacun.

En marge de cette conférence internationale, se déroulait également à Doha le congrès annuel de la Fifa et la Présidente de la fédération norvégienne de football Lise Klaveness de déclarer : « il n’y a pas de place pour des employeurs qui ne veillent pas à la liberté et à la sécurité des ouvriers du Mondial ». Le ton était donné.

Il ne faudrait pas, en effet, que le sport soit rattrapé par la question des droits humains. On se rappelle déjà de la célèbre expression d’Albert Londres concernant les coureurs cyclistes, « les forçats de la route », en 1924, ou celle de Raymond Kopa, « les footballeurs sont des esclaves », en 1963.

Mobiliser pour la défense d’intérêts collectifs

Fort heureusement,  les sportifs professionnels ont pu, dès les années 1960 en France et ce bien avant d’autres pays, instaurer un dialogue constructif entre partenaires, c’est-à-dire les sportifs professionnels et les employeurs. « Il n’y a pas d’autre issue possible que de travailler ensemble. Tous ensemble », soulignait Philippe Piat, co-président de l’Union Nationale des Footballeurs Professionnels dans un éditorial de la revue de l’UNFP, « Profession Footballeur ».

De même, des considérations d’efficacité ont incité divers représentants de disciplines sportives à choisir la voie syndicale après avoir constaté que, depuis la loi du 12 mars 1920 qui fait suite à celle de 1884, les syndicats bénéficient de prérogatives supérieures à celles reconnues aux associations de la loi du 1er juillet 1901, même si, parfois les appellations ne correspondent pas toujours à la distinction opérée par ces deux lois fondamentales. Il peut y avoir une certaine confusion entre ces deux régimes mais dans tous les cas, le but est de mobiliser pour la défense d’intérêts collectifs.« 

Cette tribune a été publiée dans le Journal Spécial des Sociétés le 21 septembre 2022.