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L’avis d’un président de club sur la crise sanitaire

Le Président Emmanuel Richaud

Emmanuel Richaud, président du Stade de Vanves natation et trésorier de la ligue Ile-de-France des clubs de la Défense donne son avis sur la crise sanitaire qui a bouleversé le sport depuis deux ans. Il estime notamment qu’elle a eu des effets très différents selon les sports.

Le Président Emmanuel Richaud nous déclare : « La crise sanitaire a eu des effets très différents selon les sports, donc les clubs ce qui impacte tant les sportifs que la politique menée par les dirigeants en ce que tous n’ont pas subi le confinement, les restrictions sanitaires et les mesures corollaires au même degré.

Je l’ai vécue sous deux angles qui correspondent chacun à mes différentes activités bénévoles puisque je suis président de la section natation d’un club omnisport, le Stade de Vanves d’une part, d’autre part trésorier-adjoint de la ligue Île-de-France des clubs de la Défense qui regroupe des clubs sportifs certes, mais plus généralement des associations sportives et culturelles.

Gérer les informations 

La première problématique, dans le temps, liée au Covid aura résidé dans la difficulté à gérer les informations, surtout durant les premiers mois. Par bonheur, la mairie de Vanves était très réactive et fiable donc efficace, alors qu’il fallait aussi régir des flux de nouvelles souvent contradictoires. Ainsi, il a été extrêmement difficile d’intégrer les informations et surtout de les transmettre à nos adhérents. J’ai le souvenir d’un appel téléphonique d’une personne, à notre directeur technique, qui demandait pourquoi la piscine de Vanves ne réouvrait pas. Celui-ci répondit que nous n’avions pas l’autorisation ce à quoi son interlocutrice objecta que sa fille lui avait dit qu’à Toulouse, les piscine rouvraient, qu’elle avait elle-même entendu la même chose sur BFM.

Ensuite au début de la saison 2020-2021, le problème s’est posé, encore techniquement, du protocole sanitaire à mettre en place. Là, nous avons eu la chance d’être très aidé par la ligue Île-de-France de natation ainsi que par la commune.

Les institutions nous ont vraiment beaucoup aidées. J’ai le souvenir que le premier confinement débuta deux jours après mon retour d’Allemagne, de Thuringe précisément, ou j’avais rencontré les dirigeants d’un club de judo. La ligue Ile-de-France des clubs de la Défense  voulait organisé un échange de jeunes, sous l’égide de l’OFAJ-DFJW, l’Office Franco-Allemand de la Jeunesse, et des comités olympiques des deux pays. Malheureusement cet échange a dû être reporté, à trois reprises de surcroît. Mais tant l’OFAJ que le CNOSF ont pris les mesures idoines pour assurer un report dans les meilleures conditions, en limitant au maximum le travail surabondant qui résultait de ces reports. Aussi, les Allemands sont venus l’année dernière, à la Toussaint, et les jeunes judokas français devraient partir en Allemagne à Pâques.

Les conséquences des fermetures des installations

Le principal problème aura été et sera de gérer les conséquences des fermetures des installations sportives en lieu clos et notamment des piscines pour les jeunes. Pour ce qui nous concerne en propre, parce que nous avons des nageurs haut niveau, le groupe compétition a pu continuer à s’entraîner à titre dérogatoire. Aussi, je pense immédiatement ici aux enfants des écoles primaires qui n’ont pas eu accès à nos installations voir des classes de 6ème et 5ème parce qu’ils n’auront pas pu alors bénéficier du temps d’apprentissage nécessaire pour apprendre à nager. De même en est-il des  « petits bassins », nos têtards, crevettes et autres dauphins, c’est-à-dire les enfants qui sont initiés aux activités natatoires dès l’âge de 4 ou 5 ans. La conséquence que chacun redoute ici réside dans le risque que ces enfants n’apprennent jamais à nager avec comme conséquence le risque accru de noyade. De sorte, nous multiplions aujourd’hui, durant les vacances scolaires, avec le soutien de la Mairie et de la Ligue Île-de-France de Natation, les opérations « j’apprends à nager » et « aisance aquatique », à destination des plus jeunes, qui ne savent pas nager et ne sont pas inscrits en club. Parallèlement, et encore en lien avec la Mairie, nous pensons aussi aux adultes et développons désormais une activité « sport et santé » pour les personnes ayant fait l’objet d’une prescription médicale. Il s’agit notamment des personnes ayant des problèmes cardiaques, du diabète etc….

L’autre problème majeur pour le public réside bien évidemment dans la désaffection pour les activités physiques qui fait suite aux confinements. Nous savons que les jeunes, aujourd’hui, sont moins tentés par la compétition, que l’approche du sport diffère de ce qu’elle était il y a 30 ans en ce que les réseaux sociaux par exemple concurrencent le lien social qui naît au sein du club sportif. Aussi, nous redoutions, surtout au bord des bassins, que les confinements et ainsi le sédentarisme aient favorisés des prises de poids qui complexeront certaines personnes à l’idée de revêtir une tenue de sport.

Trouver des solutions financières

Enfin, pour les dirigeants des clubs, l’un des problèmes majeurs aura été de trouver une solution financière, surtout lors du premier confinement, en mars 2020. En effet, nous avons été pris de court, ne sachant si nous allions pouvoir reprendre une activité alors que les adhérents demandaient le remboursement de leur cotisation.

Nous étions confrontés à un dilemme car les adhérents voient, pour nombre d’entre eux, un aspect commercial, de prestation de service alors qu’ils sont eux-mêmes adhérents à l’association, qu’ils en sont les constituants et que les dirigeants sont bénévoles, hors de toute logique commerciale. Pour la saison 2020-2021, nous n’avons remboursé aucune adhésion pour des causes financières évidentes : nous avons continué de payer les éducateurs et les salariés à 100% alors que la prise en charge gouvernementale en cas de chômage technique était à 70%. Cette politique de maintien des rémunérations était très logique : nous avions bien trop peur de perdre des éducateurs d’excellente qualité pour ne pas leur maintenir un revenu. Evidemment, les adhérents se sont plaints croyant que nous dégagions des bénéfices, ne comprenant pas qu’un salarié par exemple ne soit pas au chômage technique mais sans s’interroger de savoir qui répondait à leurs e-mails. Or, nous recevions environ 400 messages par semaine.

Pour la saison suivante, 2020-2021, nous avons fait très attention :j’avais décidé que nous n’encaisserions aucune cotisation avant la Toussaint, ce qui asséchait évidemment la trésorerie mais  permettait d’anticiper les problèmes. Bien nous en a pris puisque les adultes n’ont eu que deux séances au maximum tout en début de saison. Nous avons donc rendu ou détruits tous les dossiers adultes en fin de saison. Pour les enfants, seule la fin de saison a été réduite ; nous avons donc encaissé les cotisations mais pratiqué un remboursement à hauteur du tiers du montant de l’adhésion ; je dois avouer que les trésoriers n’ont pas chômés en remboursant plus de 600 personnes. Nous sommes donc évidemment en déficit puisque nous pratiquons le 100% adhésion c’est-à-dire que tous nos nageurs sont licenciés à la fédération française de natation à laquelle nous payons bien évidemment la licence. Mais nous ne coulons pas totalement, grâce encore aux aides financières des collectivités, notamment le département des Hauts-de-Seine.

L’avenir…

L’avenir ne s’annonce pas très réjouissant pour nous, comme nombre d’autres clubs, au niveau financier puisque comme nous le pronostiquions, nous avons une forte chute du nombre d’adhérents : 20 % à la natation bien plus encore au niveau de la ligue des Clubs de la Défense, notamment chez les jeunes. De plus, la crise économique est synonyme de difficultés financières pour les entreprises qui sont nos sponsors. Nous les avions tous perdus au niveau de la natation mais l’espoir renaît de ce côté-ci en ce que nous avons depuis peu un nouveau sponsor, la société OGIC SA Île-de-France Ouest sud de Boulogne-Billancourt. OGIC participe sur 3 ans et donc jusqu’en 2024 soit jusqu’aux JO de Paris, à la prise en charge des frais de deux de nos nageurs phares que nous espérons qualifiés pour les JO : Hadrien Salvan, champion de France du 200 m nage libre, qui a déjà participé aux JO de Tokyo  et Damien Joly, champion de France du 1500m ». 

Contact : Emmanuel Richaud / Mail : emmanuelrichaud@gmail.com