Les dirigeants des plus grands clubs de football ont tenté avec grand fracas la création d’une Super League mais ils n’ont pas imaginé la protestation immédiate des mondes sportifs et politiques européens.
La mobilisation pour défendre l’UEFA, la fédération européenne organisatrice de la Champions League a été exemplaire contre le projet de la Super League.
A LEGISPORT, nous avons reçu d’abondantes réactions mais nous ne pouvons pas toutes les publier. Voici quelques-unes émanant de personnalités de Londres et de Beyrouth.
André Spicer, professeur de comportement organisationnel à la Business School de Londres (anciennement Cass Business School) estime que « la nouvelle Super League européenne est partiellement fermée (si les clubs fondateurs sont des membres permanents) et partiellement ouverte (avec cinq nouveaux clubs promus chaque saison). Cette conception se situe entre les deux modèles et risque de nous donner le pire des deux mondes : le manque de concurrence et le manque de partage des ressources. Le résultat pourrait être un petit nombre d’équipes de haut niveau qui n’ont pas de défi compétitif sérieux mais qui ne sont pas disposées à partager leurs ressources. Cela pourrait transformer les grandes équipes en rentiers qui n’ont pas besoin de faire trop d’efforts et se contentent de récolter les revenus de leur position immuable. Si l’on veut continuer à divertir les fans, la ligue doit créer à la fois de l’incertitude et de l’excitation, en se basant sur les modèles sportifs américains réussis ». Le Professeur néo-zélandais ajoute : « Les ligues sportives ont tendance à être plus attractives lorsque l’incertitude des résultats est plus grande. Les fans sont plus enclins à venir lorsqu’ils ne savent pas ce qui va se passer. Une façon d’y parvenir est de mélanger un petit tournoi suivi d’une longue compétition à élimination directe « post-saison ». C’est ce qui se passe dans les sports américains où l’on trouve des compétitions régionales fragmentées suivies d’une longue compétition à élimination directe d’après-saison qui peut donner lieu à des finales très serrées. »
A l’autre bout de la planète, le Professeur Nadim Nassif, basé à Beyrouth, nous écrit : « La Superleague va mourir avant de naître normalement. Ces quelques millionnaires ont sous-estimé la puissance des ligues nationales. »