Pierre Chatelain est le Président fondateur de l’association Gaming Generation. Nous l’avons rencontré à Aix en Provence au siège de l’école Ynov qui forme à un Bachelor Animation 3D sur les jeux vidéo. Il est interrogé dans le bulletin d’informations juridiques sportives LEGISPORT n°137 de Mai-Juin 2019 : « le sport connecté à l’esport ».
Question : Bonjour, Président, merci de présenter votre association Gaming Generation.
Réponse : Fondée en 2005, Gaming Generation est l’une des premières associations en France sur l’organisation des compétitions de jeux vidéo. Nous avons organisé à Gardanne les 30 et 31 mars 2019 la 7ème édition du festival « Gaming Gen » qui a réuni plus de 3500 visiteurs et 600 joueurs en tournoi, un record ! Nous avons décliné cet événement en plusieurs moments forts : des expositions, des animations, des divertissements sur les jeux vidéo, des tournois très relevés avec les jeux comme Fortnite, Counter-Strike, Smash Bros… Le sport était présent avec le jeu FIFA qui a connu un grand succès. Nous avons également organisé des rencontres avec des écoles spécialisées et des entreprises car l’esport est un marché qui se développe et les formations seront de plus en plus nombreuses dans les années à venir. De plus, le jeu vidéo connaît un nouvel essor avec les téléphones portables en conquérant un public jeune et familial.
Question : La loi sur la République numérique a été votée en Octobre 2016. Elle donne un cadre juridique à l’esport. Est-elle toujours adaptée ?
Réponse : Je pense que cette loi est incomplète car elle ne correspond pas à la réalité du tissu associatif. Elle mériterait d’être complétée. De plus, la durée de l’agrément est courte. L’agrément est obligatoire pour la société ou l’association qui souhaite signer des contrats de travail avec des joueurs professionnels de jeu vidéo, mais il est court, ce qui peut être problématique si l’agrément n’est pas renouvelé. Là, il y a problème, carence de la loi, peu de structures bénéficient de l’agrément.
Question : Comment situer la France par rapport à d’autres ?
Réponse : La Corée du Sud a pris de l’avance. Il y a quinze ans déjà, les joueurs stars étaient nombreux et les compétitions de jeux vidéo étaient diffusées en direct sur les grandes chaînes de télévision sud-coréennes. Ce fut également le premier pays à créer une fondation nationale officielle, la Korean eSports Association. Le Japon et les USA sont également des territoires où l’esport est bien développé, avec un tissu professionnel déjà structuré.
Question : Et au niveau européen ?
Réponse : L’Angleterre est au même niveau que la France. L’Allemagne est légèrement en avance où l’esport est très développé, la pratique est importante et de grands événements sont organisés régulièrement. Preuve de l’engouement de l’Allemagne, le jeu Counter-Strike opposant des terroristes à des non-terroristes a été autorisé en Allemagne alors que pendant longtemps en France il a fait l’objet de débats et même des boycotts, marques et collectivités ne souhaitant pas s’associer à ce jeu en raison des attentats terroristes perpétrés dans notre pays. Cependant, à l’issue de l’année 2019, nous dirons sans doute que la France a repris le leadership européen avec de très grands événements qui vont se dérouler dans l’Hexagone, notamment les finales des EPL à Montpellier en juin, et les Worlds (coupe du monde) de League of Legends à Paris en novembre.
Question : Quels sont les critères pour interdire un jeu vidéo. Les jeux de sport peuvent–ils être concernés ?
Réponse : Les compétitions sont en grande partie financées par des marques et des collectivités. Le jeu vidéo est un support qui doit correspondre à l’image que ces entités souhaitent véhiculer. Une marque de sport aura plus de facilité à sponsoriser un tournoi sur un jeu… de sport, comme FIFA ou PES. A contrario, c’est aussi pourquoi les jeux violents sont parfois mis à l’écart, alors qu’il a été prouvé de nombreuses fois (par des études Allemandes et Américaines notamment) qu’il n’y a aucun lien entre « pratique du jeu vidéo » et « développement de la violence chez les jeunes ». En soi, il est plutôt question de « choix marketing » que de véritable interdiction basée sur des critères stricts.
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