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1991 : fondation de LEGISPORT. 1996 : lancement du bulletin d'informations juridiques sportives LEGISPORT. Tout sur le droit du sport.

Entretien avec Géraldine Filiol, vice-présidente de Sportall

Géraldine Filiol, vice-présidente de Sportall

Madame Géraldine FILIOL, ancienne directrice générale adjointe du Groupe EUROSPORT où elle a officié pendant 23 ans, est aujourd’hui Vice-Présidente, en charge des Acquisitions et du développement commercial de SPORTALL, la nouvelle plateforme de streaming multisports. Elle a bien voulu répondre à nos questions sur l’évolution des nouveaux modes de suivi des compétitions sportives et le nouveau public convoité.

Question : Bonjour Madame, la mode est aux plateformes OTT. Pouvez-vous nous expliquer la signification de ce nouveau vocabulaire ?

Les plateformes OTT (acronyme d’Over The Top) sont des services digitaux auxquels les utilisateurs ont accès directement sans passer par un intermédiaire ou un agrégateur de contenus, autrement dit sans avoir à acheter un abonnement à un bouquet de chaînes, dont ils ne regardent souvent qu’un tout petit nombre. Le digital permet ainsi de choisir précisément ce que l’on veut regarder, et ce à n’importe quel moment, dans n’importe quel lieu connecté à internet, et sur tous nos écrans, que ce soit un ordinateur, une tablette, une télévision connectée, ou encore un téléphone portable.Il permet également aux ayants-droit de développer une relation directe avec les consommateurs.

Ce nouveau mode de diffusion et de consommation du sport rencontre-t-il beaucoup d’adeptes ?

Oui, de plus en plus. Les chaines de télévisions sportives ont tout d’abord commencé à proposer des abonnements mensuels à petit prix directement aux consommateurs afin qu’ils reçoivent leurs contenus sur une application, offrant les chaines linéaires en direct mais aussi de nouvelles fonctionnalités (tel Eurosport Player lancé en 2007). Puis, très rapidement certains sports et championnats majeurs (football, tennis, formule 1, NBA) ont également lancés de tels services digitaux, soit pour offrir à leurs abonnés un contenu supplémentaire non exploité en télévision, soit pour offrir une visibilité à leur sport dans des marchés où les droits TV n’étaient pas vendus.

Depuis quelques années, dans un marché des droits TV de moins en moins avantageux pour eux, ce sont les « petits » sports ou les événements moins « premium » qui ont recours aux services OTT pour devenir ainsi leur propre média et assurer leur visibilité et le développement de leur notoriété.  

Justement, on parle beaucoup de SPORTALL. Quel est le rôle exact de cette société dans la diffusion de programmes sportifs sur internet ?

SPORTALL permet aux détenteurs de droits sportifs (fédérations,  organisateurs d’événements, ligues pros) de devenir leur propre média en leur proposant une solution clef en main pour se doter d’une plateforme de streaming video.

Pour cela, nous avons développé une plateforme technologique de dernière génération ainsi que des outils et services d’accompagnement, allant de la captation à la promotion digitale. Et en moins de 3 ans d’activité, SPORTALL accompagne déjà plus de quarante ayants-droit sportifs, en France comme à l’international.

Nous permettons à chacun d’eux de diffuser leurs contenus sur une application digitale qui leur est dédiée, sous leur marque et sous leurs couleurs, en s’appuyant sur notre plateforme technologique et toutes ses fonctionnalités. Les contenus sont ainsi disponibles en direct, en replay, ou en video à la demande (VOD), avec une promotion très active sur les réseaux sociaux (avant, pendant et après les directs) pour aller chercher les communautés de fans. Ces dispositifs permettent à nos ayants-droits partenaires de développer leur visibilité et ainsi optimiser la monétisation de leurs contenus. Nous proposons également un service de Media Center, permettant un pilotage efficace de plusieurs flux video entrants, l’éditorialisation et la distribution de ces flux vers de multiples destinations le cas échéant (applications, multiples chaines de TV, multiples comptes de réseaux sociaux…).

Mais qui décide de ce qui est gratuit de ce qui ne l’est pas ?

C’est l’ayant-droit qui décide du mode d’exploitation de ses contenus, de ce qui est gratuit, ou de ce qui est payant. Lorsque les fans créent leur compte, ils ont accès à des contenus gratuits et certains contenus plus prestigieux peuvent être payants, c’est ce que l’on appelle un modèle freemium. L’application est un produitqui est créé pour l’ayant-droit et dont il fixe les paramètres, il fait ses choix éditoriaux et commerciaux. Nos équipes éditoriales et marketing l’accompagne dans ces démarches et nos équipes techniques lui propose des services à la carte et la mise en œuvre de nouvelles fonctionnalités en fonction de ses besoins.

Beaucoup de fédérations sont-elles intéressées ?

Oui, car comme je vous le disais au début de cette discussion, le digital permet de répondre à une urgence pour certains sports qui se trouvent délaissés par les grandes chaînes de télévision et qui cherchent à rester visibles. Un des objectifs est également d’attirer de nouveaux spectateurs, de nouveaux fans, et notamment les jeunes, particulièrement à l’aise avec ces technologies et avec ces nouveaux modes de consommation. SPORTALL  a rencontré un succès immédiat car un très grand nombre de fédérations ont besoin d’être accompagnées dans cette digitalisation. Pour vous citer quelques exemples, nous avons développé Athlé.TV pour la Fédération Française d’Athlétisme, FF Natation TV pour la Fédération Française de natation, FF Lutte TV, Handisport Studio TV pour la Fédération Française de Handisport,  et au niveau européen, pour le cyclisme, UEC TV. Récemment, nous avons accompagné la Fédération Internationale de Squash pour le lancement de WorldSquash.TV.

Cet engouement des fédérations pour cette forme de diffusion continue ?

Tout à fait. Même les grandes fédérations choisissent également le modèle OTT pour certaines de leurs compétitions. Nous avons par exemple signé un accord avec la Fédération Française de Football pour la diffusion du championnat de D1 de Futsal, une discipline jeune et en croissance, que la Fédération a choisi de faire grandir grâce au digital. Nous avons ainsi lancé FutsalZone.TV, une application digitale payante que nous avons enrichie avec des championnats de Futsal étranger, tels que les championnats brésilien et espagnol.

Plus récemment, nous avons conclu un accord avec la Fédération Française de Rugby pour la diffusion en direct de la Nationale, championnat fédéral semi-professionnel rassemblant 14 clubs qui se disputeront, tout au long de la saison, l’accès au championnat professionnel de Pro D2, et ce championnat a trouvé sa place sur Rugbyzone TV, une application éditée par SPORTALL, offrant également une diffusion en France à des championnats de Rugby étrangers tels que la Premiership (championnat Anglais) ou l’United Rugby Championship. Des clubs peuvent également être concernés comme le RC Toulon, qui s’est doté d’une application digitale (RCTPlay) lui permettant de diffuser des matches amicaux, des reportages et des documentaires, et de fidéliser une très large base de fans.

LEGISPORT comme son nom l’indique s’intéresse aux aspects juridiques de l’activité sportive sous toutes ses formes. Vos négociations avec les fédérations sont-elles « de gros contrats » ?

Nos négociations avec les fédérations sont en fait des partenariats, souvent sur le long terme. Nous construisons ensemble leur plateforme digitale, selon des modèles gagnants-gagnants. Nous les accompagnons dans leur développement et nous sommes partie prenante dans leur succès avec ce nouvel outil. C’est la force de notre modèle.

Au fil des années, nous avons vu pour le même objet un contrat initialement de six pages passer à soixante. Avez-vous les mêmes contraintes et suivez-vous la même évolution ?

Nos contrats se doivent en effet d’être de plus en plus étoffés. Nous avons cependant mis en place des template certes complets mais qui restent « digestes », et nos partenaires nous en sont souvent reconnaissants. Des amendements le cas échéant, nous permettent de faire évoluer facilement le contrat au fil de l’eau.

Mais revenons au spectacle et pensez-vous que la diffusion du sport sur internet concurrencera sévèrement dans les années à venir celle sur les chaînes de télévision qu’elles soient payantes ou gratuites ?

Les chaînes de télévision gratuites ou payantes continueront à diffuser les très grands événements, tels que la Coupe du Monde de football, les jeux Olympiques ou les tournois du Grand Chelem en Tennis… Mais les événements un peu moins prestigieux auront de plus en plus de mal à trouver une belle exposition en télévision. La diffusion du sport sur internet vient en complémentarité, elle offre des opportunités pour une diffusion plus large des contenus existants, elle offre une visibilité assurée pour des sports moins prestigieux. Elle répond aussi à des exigences et à des modes de consommation qui ont changé. Les fans ne souhaitent plus payer des abonnements chers pour lesquels seule une partie de l’offre les intéresse. Ils souhaitent pouvoir consommer à la carte un contenu auquel ils sont fidèles. Tous les sports, tous les champions méritent d’être exposés, ils ont tous une communauté de fans passionnés. Le digital répond à ces nouvelles exigences et permet de servir chacune de ces communautés.

Enfin, les JO se rapprochent de Paris. Quelle est la nature des contacts que vous nouez pour une diffusion des jeux Olympiques ?

Les contrats des droits des Jeux Olympiques de Paris 2024 sont déjà signés depuis plusieurs années avec de grandes chaines qui en seront les diffuseurs officiels. En France, il s’agit de France Télévisions et d’Eurosport. SPORTALL n’est donc pas en mesure de diffuser des épreuves des Jeux Olympiques. En revanche, nous éditons notre propre application multisports au sein de laquelle nous diffusons beaucoup de sports olympiques et des épreuves qui mettent en lumière nos futurs médaillés français.

Contact : Mme Géraldine FILIOL, Vice-Présidente, Acquisitions et Développement Commercial, SPORTALL. Mail : geraldine@sportall.fr