Par Me Michel Pautot, rédacteur en chef de LEGISPORT
Joao Havelange est le Président de la FIFA qui a révolutionné la Coupe du Monde. Je l’ai rencontré le 26 mars 1998 pour un entretien dans LEGISPORT. Je l’ai rencontré et interviewé.
INTERVIEW Dr Joao Havelange, Président de la FIFA (Fédération Internationale de Football Association)
Le Brésilien Joao Havelange est président de la FIFA depuis 1974. Grâce à lui, la Coupe du Monde est passée de 16 à 32 pays participants. En 1992, c’est lui qui a mis tout son poids dans la balance pour que la France obtienne la Coupe du Monde 1998. Aujourd’hui, à quelques jours de la Coupe, il répond aux questions de LEGISPORT (entretien publié dans le numéro LEGISPORT consacré à la Coupe du Monde de football).
Michel Pautot : Avez-vous le sentiment d’avoir « révolutionné » la Coupe du Monde depuis votre élection à la tête de la FIFA il y a 24 ans ?
Joao Havelange : Le terme « révolution » implique trop souvent la violence et la force. Or je me suis toujours efforcé et je continue à le faire dans les derniers mois de mon sixième mandat à la présidence de la FIFA, de convaincre les commissions ou d’autres instances par le bien fondé de mes propositions.
Ainsi, je préférerais de souligner qu’une évolution a eu lieu dans le sens positif que la Coupe du Monde est devenue un évènement global dans le vrai sens du mot, que ce soit du point de vue des médias ou encore des équipes participantes et de leur nombre. Il n’y a plus cette polarité Europe – Amérique du Sud au niveau sportif puisque l’Afrique ou l’Asie auront leur mot à dire.
La Coupe du Monde 1994 qui s’est déroulée aux États-Unis a été financée par des fonds privés et a connu un grand succès. Comment se fait-il que la France la contrainte de recourir à des fonds publics pour son organisation ?
Deux pays – deux organisations tout à fait différentes. Ce qui reste le même, c’est le fait que les gouvernements respectifs ont dû donner certaines garanties, par exemple en matière d’importation de produits ou de visas. Quant aux autres aspects, aux États-Unis, les organisateurs savaient que l’Etat n’y serait pas et ils ont donc choisi leurs lieux de compétition en fonction des offres qui leur furent soumises et où il ne fallait pas rénover un stade entièrement. Grâce aux infrastructures existantes des autres « major sports » (propriété privée), ils pouvaient procéder de cette manière tandis qu’en France, où il y a moins d’arènes (qui appartiennent aux municipalités), l’Etat a dû investir jusqu’à un certain point. Toujours est-il que le budget d’organisation du CFO prévoit sinon un bénéfice au moins des comptes égaux.
Vous avez décidé de porter à trente-deux le nombre de participants à la Coupe du monde 1998, ce qui constitue une première. Est-ce un geste politique ou sportif ?
C’est à la fois un geste sportif et politique. Sportif parce que les progrès de l’Afrique, de l’Asie ou de l’Amérique Centrale ne peuvent plus être niés. Après tout, le Nigéria a gagné a gagné en 1996 le tournoi olympique de football. Politique dans un certain sens puisque la FIFA, en vertu de mes projets de développement, a dit « A » en organisant des centaines de cours et séminaires dans le monde entier. Alors il fallait aussi dire « B » et donc offrir les places nécessaires dans les compétitions afin de permettre à ces pays de se mettre en exergue, ce qui est leur droit en tant que membres de la FIFA.