Me Michel Pautot, rédacteur en chef de LEGISPORT et avocat rend hommage au footballeur : « Encore merci Monsieur Kopa »
Il est un devoir pour chaque passionné de football de rendre hommage à Raymond Kopa, mort le 3 mars 2017. Il y a cinq ans déjà.
Depuis des années, nous ne manquons pas de souligner son rôle fondamental dans la suppression des « contrats à vie » dans nos enseignements sur le droit du travail du sport et dans notre publication Legisport.
Mais commençons tout d’abord par la carrière du joueur qui a été particulièrement exemplaire et phénoménale, ponctuée par l’attribution d’un Ballon d’Or.
Evoquer Raymond Kopa c’est tout d’abord mettre en lumière l’équipe de football du Stade de Reims qui a disputé la première finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions en 1956 contre le Real Madrid. « Reims-Real, une finale pour l’histoire », pour Jean-Philippe Bouchard et Alain Constant dans « Un siècle de football » (éditions Calmann-Lévy). L’historien Paul Dietschy ne manquera pas de souligner dans son ouvrage « Histoire du football » (éditions Perrin) au sujet de cette finale : « le 13 juin 1956, dans un Parc des Princes rempli de Parisiens attirés par les étoiles madrilènes et rémoises, les deux équipes livrèrent un match presque idéal, riche en prouesses techniques et en retournements de situation ». Un magnifique match avec une victoire du Real Madrid sur le Stade de Reims 4 à 3. Un score pas commun et qui fait rêver tous les amoureux du football ! Des buts signés côté madrilène, Alfredo Di Stefano, Hector Rial (2) et Marquitos et côté rémois, Michel Leblond, Jean Templin et Michel Hidalgo….
La rencontre avec Albert Batteux, entraîneur de Reims et de l’équipe de France est décisive. « L’une des plus grandes chances de ma vie, je dis bien de ma vie, pas uniquement de ma carrière, est d’avoir croisé Albert Batteux. Un hommes à la connaissance parfaite du football et des hommes », lisons-nous dans « Le Kopa » écrit par Raymond Kopa et Patrice Burchkalter (éditions Jacob-Duvernet).
Après Reims, Raymond Kopa a notamment fait partie de la légendaire équipe du … Real Madrid avec qui il jouera notamment avec les mythiques Alfredo Di Stefano et Ferenc Puskas, il gagnera la finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions à plusieurs reprises avec le Real, en 1957 contre la Fiorentina (2-0), en 1958 contre l’AC Milan (3-2) puis en 1959 contre Reims (2-0). Un somptueux palmarès, démontrant l’immense réussite du joueur en Espagne. Raymond Kopa été également un des héros de l’épopée de l’équipe de France qui a brillé à la Coupe du Monde 1958 en Suède. Jean Boully est extrêment élogieux dans « Les stars du football » (éditions Bordas) : « Trois victoires en Coupe d’Europe avec le Real, après une première finale ratée avec Reims : la fameuse campagne d’Espagne annonçait l’épopée légendaire de Suède. Autant de marches vers l’intégration au panthéon du football. A une hauteur où ne peuvent respirer et se mouvoir que les plus grands. Ceux qui ont fait du football un Art de toujours ». « Comme une histoire de France en condensé, ce fils d’immigré polonais est devenu le plus grand joueur français de tous les temps avant l’apparition de Michel Platini. Le premier grand soleil du football français est un petit homme de 1,68 m qui a commencé à travailler à 12 ans à la mine », indique Thierry Roland dans « Les légendes du foot » (éditions Larousse).
« Les footballeurs sont des esclaves »
La carrière des footballeurs professionnels était cadenassée par le contrat à vie. Principe : le footballeur était « engagé » avec un club jusqu’à l’âge de 35 ans, c’est-à-dire jusqu’ à la fin de sa carrière, ce qui n’excluait pas les transferts.
Puis vint le Ballon d’Or français Raymond Kopa qui prononça une formule restée aussi célèbre que ses dribbles : « Les footballeurs sont des esclaves ». C’était dans France Dimanche des 20-27 juin 1963. L’article fait du bruit, beaucoup de bruit. C’était le but recherché. Il fera bouger les choses. Mais il vaut à Kopa une suspension de six mois prononcée par la Commission de discipline du groupement du football professionnel. Injuste, mais n’ayons pas peur de dire : « Encore merci Monsieur Kopa », comme nous l’avons écrit dans l’éditorial du LEGISPORT n°152.
Auparavant, en 1961, Just Fontaine et Eugène N’Jo Léa avaient créé l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP) mais il faudra attendre juin 1969, après avoir plusieurs années de combat, pour que les joueurs obtiennent le contrat à durée librement consentie, plus connu sous la dénomination de « contrat à temps ». « Il fallait donner aux joueurs les moyens de guider leurs carrières… Nous avons mené ce combat en douceur… », nous déclarait en décembre 2013 lors d’un entretien à LEGISPORT Michel Hidalgo, l’ex-président de l’UNFP et coach des Bleus. Il ajoutait : « Les joueurs du monde entier ont salué notre victoire historique ».