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Des erreurs de l’homme en noir à la vidéo miracle : qui est gagnant ?

« Pour ou Contre la VAR ? » était le thème de la conférence débat organisée le 18 novembre 2021 à l’Université Paris Descartes par l’I3SP (Institut des Sciences de Sport Santé).

La vidéo passée au crible et disséquée, tant dans ses aspects positifs (aide aux arbitres, lutte contre les erreurs, les simulations et la triche…) que négatifs (trop de recours à la vidéo, jeu haché, temps de décision trop long…) au débat opposant Ludovic Tenèze, auteur de l’ouvrage « VAR, le miroir aux alouettes » (éditions du Panthéon) à Me Michel Pautot, rédacteur en chef de LEGISPORT et militant de la première heure de l’instauration de la technologie dans le football.

Des erreurs d’arbitrage célèbres !

Des matches sont entrés dans l’histoire par des erreurs d’arbitrage, l’avant dernier but anglais de Geoffrey Hurst à la 100ème minute de la finale de la Coupe du Monde 1966 (personne ne sait si le ballon a franchi la ligne de but….), la main de Diego Maradona lors d’Angleterre – Argentine (quart de finale de la Coupe du Monde 1986),  la main de Vata de Benfica qui prive l’Olympique de Marseille d’une finale de Ligue des Champions en 1990… « Sans ces erreurs, la vidéo n’aurait peut-être pas été instituée ».  

A l’instar d’autres sports (tennis, rugby), la vidéo s’est imposée dans le foot ! L’évènement déclencheur est le match Angleterre – Allemagne lors de la Coupe du Monde 2010. Le but marqué par Frank Lampard n’a pas été validé alors que le ballon avait franchi la ligne…mais cette erreur engendré l’arrivée successive de la goal-line technology (franchissement de la ligne de but) puis de la VAR (Video Assistance Referee) lors des deux derniers Mondiaux (goal-line technology en 2014 et VAR en 2018). 

Entre illusion de l’image et aide à l’arbitre

« La VAR doit être mise hors-jeu, elle piège les supporters, pris en otage avec des décisions retardées et des émotions différées. Les bénéfices pour le jeu du football restent très aléatoires »  a indiqué Ludovic Tenèze qui a admis néanmoins que la main Diego Maradona aurait dû provoquer un électrochoc. « Cette main aurait dû faire réagir, cela n’a pas été le cas ».  Reprenant un avis de l’ancien N°10 des Bleus Michel Platini (« la VAR, c’est du bricolage vidéo »), il a développé divers arguments : « discrimination élitiste et économique, injustice sportive, géométrie variable, magie de la technologie et illusion de l’image, promesse des 40 secondes…puis des 60, dérives pour rendre l’outil utile et efficient… ».

Michel Pautot a égrené un à un les points positifs en mêlant passé, présent et avenir : « la vidéo était devenue inéluctable… Les buts : pour la justice sportive, aider les arbitres… ». Et aussi : « le capitaine doit accéder à la vidéo, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui ».

Le Portugal privé de Mondial ?

« La vidéo  doit être généralisée partout, là où il n’y a pas la vidéo elle est réclamée » a rappelé Michel Pautot. « Il n’y avait pas la goal line technology lors du match qualificatif à la Coupe du Monde Serbie – Portugal et un but de Cristiano Ronaldo a été refusé un but alors que le ballon avait franchi la ligne de but. Ce qui pourrait avoir des conséquences si le Portugal ne se qualifie pas ».

Différents témoins sont intervenus. Stéphane Humbert, supporter de Nice a déclaré que « la vidéo peut ajouter à la confusion selon les cas et les prises de vue »  et Alain Lemoine de l’Association des chercheurs Francophones en Football (ACFF) d’ajouter que l’utilisation de la vidéo doit seulement être utilisée dans deux cas : le but valide et le franchissement de la ligne de but.  Nicolas Besombes, modérateur au débat a estimé que « dans le basket, les critiques étaient bien moins nombreuses que dans le football ». 

Enfin, les conférenciers ont posé la question : la vidéo va t-elle remplacer l’homme en noir ? « C’est déjà le cas en tennis avec la quasi-disparition des juges de ligne », a précisé Ludovic Tenèze. « C’est une question qui se posera un jour mais l’arbitre doit rester, il a un rôle central à jouer », a répondu Michel Pautot. Ajoutons que lors d’un Colloque LEGISPORT organisé il y a quelques années, le célèbre Michel Vautrot avait martelé : « l’arbitre est un ami ».