C’est ce que nous déclare Aurélie LEDON, fondatrice du site A.L.Mental Success, notamment au sujet du pénalty manqué par Kylian Mbappé contre la Suisse.
Basée à Doha, la Française Aurélie LEDON a bien voulu répondre aux questions de LEGISPORT.
LEGISPORT : Chère Madame Aurélie Ledon, vous avez fondé A.L. Mental Success et co-écrit le livre « Déroulement de carrières réussies de sportifs de haut niveau ». L’Euro de football bat son plein et les phases à élimination directe s’enchaînent et parfois, les tirs aux buts sont cruels. Un joueur peut-il être traumatisé pour avoir raté un pénalty ?
Aurélie LEDON : Nous avons tous en tête le pénalty raté de Kylian Mbappé contre la Suisse lors de l’Euro. C’est le cas de Mbappé et de bien d’autres joueurs comme Maradona, Platini ou encore Messi. Plus que le traumatisme, c’est davantage la culpabilité qui prend bien souvent le dessus. Le joueur prend sur lui toute la responsabilité de la défaite alors que c’est un exercice qui n’est pas facile du tout et qui soumet le joueur a beaucoup de pression. Par ailleurs, c’est une responsabilité collective. Didier Deschamps que j’estime énormément l’a très bien résumé en disant que c’était « une loterie ».
Sincèrement dans le cas de Mbappé, cela ne changera pas sa carrière. Il est déjà Champion du monde. A 22 ans, il joue dans un des plus grands clubs mondiaux. Cet épisode ne changera rien du tout pour lui. Certains seront déçus comme les supporters de l’équipe de France mais ça ne changera rien. L’idéal est de se remettre rapidement au travail et se fixer à nouveau des objectifs.
Si vous êtes la psychologue d’une équipe de football ou de basket qui dispute une grande compétition et que celle-ci a commencé par une sévère défaite, que conseillerez-vous ?
Tout d’abord, je tiens à préciser que je ne suis pas psychologue mais Docteur en sciences du sport avec pour spécialité la psychologie. La nuance est importante car je ne travaille pas sur les pathologies lourdes des sportifs d’élite mais sur l’accroissement de leurs performances sportives via le mental. Je conseillerai aux joueurs et au staff de ne pas réagir à chaud et de prendre du recul, conditions nécessaires pour comprendre les raisons de cette sévère défaite.
Où réside la clé de la victoire ?
La clé de la victoire réside très souvent dans la fixation d’objectifs clairs, dans la cohésion d’équipe si c’est un sport collectif et surtout dans le management de l’entraîneur. Personnellement, je travaille toujours sur la psychologie de l’entraîneur avant même celle du sportif ou des joueurs. L’ouvrage « Le mental des coachs » du Professeur Hubert Ripoll m’a particulièrement inspiré.
Votre parcours de sportive vous a-t-il aidé pour appréhender les problèmes psychologiques des sportifs ?
Oui bien entendu. Quand on touche au sport de haut niveau (Equipes de France), il faut savoir de quoi on parle et être crédible aux yeux à la fois du sportif et du staff. Quand a pratiqué soit même l’activité à un bon niveau (ceinture noire de taekwondo, MMA, sports de combats, athlétisme), cela facilite les échanges. On parle le même langage. Lorsque j’interviens, je travaille avec l’entraîneur, le préparateur physique, le médecin, le kiné, le vidéaste et il n’y a pas de temps à perdre. Je dois connaître parfaitement la discipline sur le plan technique par exemple pour y associer mon domaine la psychologie du sport. L’objectif à long terme reste les Jeux Olympiques et optimiser le mental des champions n’est pas sans risques. Je privilégie donc l’athlétisme et les sports de combat.
Avoir été sportive a donc été un plus !
Avec mon expérience, j’ai développé mes propres outils et je suis capable également de travailler avec d’autres disciplines. J’ai travaillé avec le rugby, sport que je connais bien depuis mon enfance et plus récemment avec le football. Avoir été sportive moi-même m’a permis de comprendre comment surmonter des blessures, comment se remobiliser après un échec ou comment m’adapter lors de situations critiques.
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