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1991 : fondation de LEGISPORT. 1996 : lancement du bulletin d'informations juridiques sportives LEGISPORT. Tout sur le droit du sport.

Sport et racisme

Le 8 Décembre 2020, la rencontre de la Ligue des Champions de football opposant le Paris Saint-Germain à l’Istanbul Basaksehir n’a pas dépassé le temps de jeu de 22 minutes et 23 secondes. Les joueurs des deux équipes ont quitté la pelouse pour ne plus revenir à la suite des propos tenus par un arbitre à son collègue pour l’inciter à intervenir : « c’est le Noir… Va voir et identifie – le. Ce gars, le Noir… ». Colère immédiate des joueurs dénonçant une nouvelle fois le racisme dans les stades. Le match s’est poursuivi le lendemain avec de nouveaux arbitres, sans incident.

L’UEFA (Union européenne des associations de football) a annoncé une enquête approfondie. Les réactions ont été nombreuses pour condamner le racisme, intolérable dans le sport, comme ailleurs.

Joseph-Antoine Bell depuis le Cameroun s’est aussitôt exprimé et a notamment déclaré : « pendant longtemps celui qui était victime de racisme était tout seul. Ce fut mon cas. On est passé du joueur qui proteste seul à toute l’équipe » et d’enchérir : « on est même passé d’une équipe à deux équipes, c’est magnifique. Je me rappelle quand je reviens à Marseille et que je suis insulté au Vélodrome  ».

Jets de banane devant la cage de but

Oui, nous étions bien seuls, il y a quelques années, avec Joseph-Antoine Bell pour dénoncer les actes de racisme.  Pendant le match Olympique de Marseille – Girondins de Bordeaux du 14 Avril 1990, des bananes sont lancées en direction du gardien bordelais Joseph-Antoine Bell depuis les tribunes marseillaises. Le quotidien Le Monde du 17 Avril 1990 devait relater l’incident et publier l’article intitulé « Joseph-Antoine Bell sauve l’honneur » : « ce soir, je n’ai pas eu peur. J’ai simplement eu honte. Je ne pensais pas que des êtres humains pouvaient tomber aussi bas. Mon fils a cinq ans et, quand je vais rentrer à la maison, il va me demander « Dis, papa, pourquoi il y avait des bananes devant les buts ? ». Que vais-je lui répondre ? ».

Devant cet acte de racisme, nous avions aussitôt déposé une plainte au Procureur de la République. Nous attendons encore aujourd’hui la réponse et la suite donnée à cette plainte…Les temps ont bien changé, des plans d’action contre les luttes de toutes les discriminations dans le sport sont aujourd’hui une réalité et nous sommes satisfaits d’y avoir également contribué en organisant chaque année notre campagne auprès des clubs et des institutions sportives : « Mettre K.O. la violence et le racisme dans le sport ».

La campagne Légisport  « Mettre K.O. la violence et le racisme dans le sport »

Avant de lancer notre campagne annuelle, nous avions organisé à Lyon le 9 Mai 1998 à l’IUFM de Lyon un Colloque international intitulé « Sport et racisme » à quelques semaines du coup d’envoi de la Coupe du Monde en France. Notre colloque avait été salué par le Président du Comité International Olympique Juan Antonio Samaranch : « au nom du mouvement olympique, je salue les participants au colloque « sport et racisme » organisé par Légisport. Conformément aux principes fondamentaux, le mouvement olympique a pour but de contribuer à bâtir un monde pacifique et meilleur en éduquant la jeunesse par le moyen du sport pratiqué sans discrimination d’aucune sorte et dans l’esprit olympique qui exige la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, la solidarité et le fair-play ».

Madame Marie-George Buffet, Ministre des sports nous écrivait : « le thème retenu par l’association Légisport me semble offrir un écho particulièrement bienvenu à la célébration du 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Il est donc essentiel à mes yeux d’en affirmer l’apport irremplaçable dans la lutte qui doit être menée à l’encontre de toutes les formes d’exclusion et de racisme ». Aujourd’hui, Légisport mène avec succès sa campagne dans les clubs, tournois…pour une pratique du sport citoyenne.

A la table des conférenciers, déjà une équipe « black blanc beur » : Joseph-Antoine Bell, Me Serge Pautot et Dieb Mechiche.