A Sochaux, Benoît Wantz et Théo Armbruster, membres du mouvement « Sociochaux », expliquent à LEGISPORT leur action.
Quel est votre avis sur les investissements étrangers dans le football français et spécifiquement à Sochaux ?
Réponse : Nous ne sommes pas opposés par principe à l’arrivée d’investisseurs étrangers dans le football français mais nous estimons qu’une part du capital du capital du club doit rester ouverte à des investisseurs locaux afin que les clubs conservent leur identité historique. Le but est d’éviter que le club de football ait son avenir entièrement lié à la bonne santé économique d’un investisseur unique, comme c’est le cas à Sochaux. Dans le cas du club doubiste, en cas de revente par l’actionnaire actuel, nous préconisons l’ouverture du capital de la SASP et une prise de participation directe via deux entités dans le but d’intégrer au sein de la société sportive des éléments porteurs de valeurs locales et représentatives des forces de la région.
Vous recherchez donc une nouvelle forme de gouvernance ?
Réponse : L’idée est d’accompagner un mouvement où le supporter devient acteur de son club de coeur. Sociochaux a ainsi été créé avec l’objectif à terme de nous agglomérer à un investisseur sérieux et respectueux de l’identité du FC Sochaux-Montbéliard. Notre apport en capital via les socios sera modeste (entre 5 et 8 %) et nous permettra néanmoins de faire partie du conseil d’administration. Les actions seront essentiellement sociales avec l’objectif que le club devienne encore davantage un acteur de son territoire. Nous souhaitons par ailleurs que cette entité « socios supporters » ait son équivalent « entreprises » avec un conglomérat de TPE et PME qui prendrait sa part dans la gouvernance et le capital. Le maître mot est que le club bien qu’épaulé par un investisseur français ou étranger, soit à l’image de la région dans laquelle il évolue.
Concrètement, avez-vous un projet précis avec déjà des partenaires ?
Réponse : Oui, à ce stade, et au regard des initiatives entreprises et réussies dans d’autres clubs (notamment Guingamp ou Bastia en France mais également, grâce à l’appui de notre partenaire Supporter Direct Europe, au niveau européen), plusieurs scénarios sont envisagés pour que ce projet d’actionnariat populaire à la sochalienne voie le jour. Il pourrait par exemple s’agir d’une affiliation à l’association support de la société commerciale SASP FC Sochaux-Montbéliard. Le but serait d’ainsi axer les projets des actionnaires populaires sur des thèmes spécifiques rentrant dans l’objet social de ladite association (gestion du centre formation et des jeunes particulièrement). Cela aurait également pour ambition de redonner à l’association support une importance qu’un rapport récent de la Cour régionale des comptes décrit comme marginale. Ensuite, le collectif, future association, étudie actuellement les conditions de la mise en place d’une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) dont le modèle semble particulièrement adapté à un club en reconstruction. Cette forme sociétale permet, tout en maintenant la forme commerciale de la société sportive, que chacune des parties prenantes soit représentée (y compris en un collège sans qu’aucun ne puisse détenir plus de 50 % des voix). Et cela en vertu du principe « un homme, une voix ». Ce modèle serait idéal au regard de la répartition des forces vives : actionnaires principaux, supporters, collectivités territoriales…En tout état de cause, nous voulons éviter que se reproduise le scénario catastrophe de la satellisation du FC Sochaux-Montbéliard comme cela vient d’être tenté par le groupe Baskonia. Heureusement, l’échec absolu de ces derniers prouve qu’un club ne peut pas se gérer contre ses supporters et ses acteurs locaux.
Bonne chance amis supporters Benoît Wantz et Théo Armbruster.
Cet entretien a été publié dans le LEGISPORT n°136 de Mars-Avril 2019. Cliquez ICI pour consulter le numéro intégralement et ICI pour s’abonner.