legisport

1991 : fondation de LEGISPORT. 1996 : lancement du bulletin d'informations juridiques sportives LEGISPORT. Tout sur le droit du sport.

Pour un Service National de Fraternité, le sport comme école de la République

Par Benoist MALLET Di BENTO,

Consultant Intelligence culturelle & francophonie et en stratégie collaborative

Le Service National Universel (SNU) est une promesse inachevée. Il devait rassembler la jeunesse autour d’un projet commun. Mais il reste perçu comme un devoir imposé, flou dans son contenu et dépourvu d’élan collectif. La société française, fragmentée, semble chercher un langage commun capable de dépasser les appartenances, les origines et les croyances. Or, un tel langage existe : c’est celui du sport, compris non comme compétition, mais comme école du respect, de la coopération et de l’effort partagé.

Le sport, matrice d’une fraternité civique

Le sport est un formidable révélateur d’humanité : on y apprend à perdre, à recommencer, à respecter la règle et l’adversaire. C’est une véritable liturgie du vivre-ensemble, une école où chacun trouve sa place dans le collectif. Cette dimension est affirmée au plan international par la Charte d’éthique des Jeux de la Francophonie, qui précise : « Les Jeux contribuent à promouvoir la paix, le développement, le respect des diversités culturelles, l’égalité entre les femmes et les hommes, la cohésion sociale et la langue française. »

Parallèlement, dans le document « Donner le meilleur de soi-même » (Vatican, 2018), le pape François rappelle que : « Le sport apprend le dépassement de soi, la rencontre et la recherche du bien commun. ». Ces deux références — l’une internationale et francophone, l’autre éthique et religieuse — offrent le fondement moral et civilisationnel d’un service civique universel rénové.

Vers un Service National de Fraternité

Et si le SNU devenait un Service National de Fraternité (SNF) ? Un dispositif tourné non vers la discipline, mais vers le don de soi, le lien et le collectif. Trois piliers structureraient ce service :

-Sport et santé intégrale – apprentissage de l’effort, de la mixité et de la coopération.

-Service social et écologique – engagement concret au sein d’associations, d’institutions locales ou de projets environnementaux.

-Culture et francophonie – ouverture interculturelle, ateliers d’histoire et de mémoire, rencontres avec les jeunesses des autres pays francophones.

Toutes les ressources existent déjà : collectivités, associations, clubs sportifs et centres sociaux. L’État n’a qu’à fournir un cadre éthique et organisationnel, laissant la mise en œuvre aux acteurs locaux. 

La France et la francophonie : un modèle duplicable

Une telle refondation pourrait inspirer les pays francophones confrontés aux mêmes défis : jeunesse, diversité et besoin de cohésion. Un Service de Fraternité Francophone (SFF) pourrait relier les jeunes de Dakar, Montréal, Djibouti, Port-au-Prince, Pondichéry, Bruxelles, Erevan, Port-Vila ou Hanoï, construisant un réseau de solidarité et d’amitié par le sport et le service.

Ainsi, la francophonie deviendrait un espace de coopération humaine avant d’être institutionnelle, fidèle à l’idéal du don de soi : « Donner le meilleur de soi-même, c’est construire la paix. »

La fraternité, horizon d’une République vivante

Le sport nous enseigne une leçon que la politique oublie trop souvent : on ne gagne qu’ensemble. Refonder le SNU autour du sport et du service, c’est réapprendre à la jeunesse française le goût de la fraternité active. Le Service National de Fraternité ne serait pas une obligation, mais une initiation au lien.

Une manière, simple et puissante, de rappeler que la République n’est pas un régime de contrainte, mais une aventure partagée. Et de rappeler enfin, comme l’écrivait le baron Pierre de Coubertin dans ses notes pédagogiques : « Il faut enseigner à la jeunesse le goût de l’effort, car c’est lui qui fonde la liberté. »