legisport

1991 : fondation de LEGISPORT. 1996 : lancement du bulletin d'informations juridiques sportives LEGISPORT. Tout sur le droit du sport.

Patrice Bégay et les « Forces vives »

Patrice Bégay est  Président de JALPB Conseils. Fondateur d’un grand tournoi international de volley où il a fait venir les meilleures équipes de clubs d’Europe (Milan, Olympiakos, Paris) ou du monde (Japon, USA, Canada, Brésil), il accompagne aujourd’hui de belles entreprises françaises et internationales (en Europe, au Canada et USA) dans leur développement en tant que tiers de confiance de grands dirigeants d’avenir et accélérateur de leur croissance.

Patrice Bégay a une grande expertise dans le secteur du sport, passé de créateur et organisateur de l’Open du cœur, de tournois internationaux de volley-ball  et d’avoir aussi installé le sport au cœur de grandes maisons comme Eurosport, Wanadoo, Orange, France 24, Bpifrance et aujourd’hui pour des marques : Talan dans le rugby, Actual dans le football, rugby, voile, les sports collectifs, Téréga dans le tennis et le rugby… 

LEGISPORT : Tout d’abord, quelle idée d’avoir mis en place les « Meneurs » chez Bpifrance ? 

Patrice Bégay, Président de JALPB Conseils et ancien organisateur de tournois internationaux : Il y a 10 ans, nous avons créé une communauté unique en France : les « Meneurs ». C’était une cinquantaine de clubs sportifs de toutes les disciplines de sports collectifs masculins et féminins, de toutes nos régions de France, regroupant au total 16 000 entreprises partenaires qui avaient décidé de changer l’avenir du sport en France. La question à se poser était comment Bpifrance  pouvait répondre à leurs attentes et réciproquement. À la base, une forte conviction : les mettre en relation pour trouver de nouveaux partenaires, leur apporter  conseil et formation dans leur gestion quotidienne, renforcer leur appartenance à une communauté, leur offrir une vitrine médiatique, voilà ce dont Bpifrance  et ses partenaires étaient capables. Les clubs pouvaient ainsi générer du business et investir, animer leur réseau de clients, croiser leur notoriété avec la nôtre, et offrir toujours plus d’ancrage dans les territoires. C’était un partenariat gagnant-gagnant. Nous avions fait de Bpifrance, qui était devenu une grande marque, un réseau social d’entrepreneurs avec une banque autour, avec tous nos partenaires, régions, banques  et investisseurs. Une belle réussite.

Et aujourd’hui, encore un nouveau concept ?

Oui, j’ai créé un concept qui inspire les entrepreneurs des régions avec les « Forces Vives » des Territoires que j’ai co-construit avec de formidables  dirigeants de clubs sportifs comme Thierry Parienty (Boxers de Bordeaux, hockey sur glace), Yvan Gueuder (RMB Rouen, basket), Jean Marc Gobbi, Michel et Christian Salomez, Graham Saint Clair (PAUC, Handball, Aix en Provence). L’avenir passe par les territoires et l’expansion internationale. Voilà cette vision du futur du sport avec l’accompagnement de partenaires avec un tiers de financement régional, un tiers de financement national, un tiers de financement international.

Alors, justement, le sponsoring sportif a-t-il atteint sa plénitude ou se cherche-t-il encore ? 

C’est souvent dans les moments de difficulté, que se cachent les plus grandes opportunités de croissance et de réussite. Déjà, on constate que le sponsoring et mieux encore de partenariat est toujours mieux perçu par le grand public, tant au niveau des panneaux publicitaires que de la présence des marques sur les maillots, que le naming  des stades, ou encore les campagnes  de communication dans les différents médias. On constate également une forte inflation enregistrée depuis 10 ans pour les principaux accords de sponsoring en France :  + 80% en 12 ans. C’est impressionnant.

Les grandes marques, comme Orange, Coca Cola, Uber, EDF, Bnp Paribas, Crédit Agricole, Lidl, Renault, Carrefour, Groupama sont les marques les plus associés au sport français en notoriété spontanée depuis plusieurs années. N’oublions pas que le sponsoring est une source de revenus indispensable et en croissance pour les clubs professionnels des principaux championnats français. C’est donc actuellement un excellent « donnant donnant ».

Cependant, le concept a pu évoluer ?

Tout à fait, après l’impact du COVID, nous avons un marché des partenariats qui rebondit et voit émerger de nouveaux secteurs comme les services de livraison de repas, les plates-formes de vente de voiture en ligne, les acteurs de la crypto monnaie ou des NFT. Le nombre d’accords de sponsoring entre ayant droit et acteur des crypto monnaie/NFT/Blockchain a été multiplié par 12 et demain de l’IA, de la cybersécurité… L’avenir du sponsoring et des partenariats sportifs est donc immense et se développe de jour en jour avec les marques installées et les nouveaux secteurs d’activités.

Patrice Bégay avec Michel Pautot (LEGISPORT)

Le sénateur Laurent Lafon a déposé le 18 mars une proposition de loi relative à « l’organisation, à la gestion et au financement du sport professionnel ». Nous entrons dans le football-business, pour lequel certains disent : stop ou encore !

Cette proposition de loi dont le rapporteur est Michel Savin contribue parfaitement à la vitalité et à l’identité des territoires. Nos clubs sportifs font partie du patrimoine de la France, de ses régions. Avec les « Meneurs » puis les « Forces vives », la volonté a toujours été d’incarner justement le principe de solidarité entre sport professionnel et sport amateur. Mais le système a bien évolué puisqu’aujourd’hui une ligue de sport professionnel peut créer une société commerciale pour la commercialisation et la gestion des droits d’exploitation des compétitions et manifestations sportives qu’elle organise.

Revenons aux objectifs de cette proposition de loi concernant le sport professionnel

Tout d’abord, il faut préciser que lors de son examen puis de son vote par les parlementaires, elle pourra être modifiée, enrichie dans les prochains mois et il y aura également la consultation des acteurs du mouvement sportif, les principaux concernés par le texte. Sans entrer dans tous les détails, l’article 1er précise les obligations des ligues professionnelles, compte-tenu de la subdélégation dont elles bénéficient, notamment en matière de rémunération des dirigeants et des salariés, ainsi que des incompatibilités.

Cependant, des critiques ont déjà été émises sur plusieurs dispositions de la proposition de loi

Oui, la possibilité de retirer la subdélégation pourrait être utilisée à des fins politiques, ce qui fragiliserait le secteur professionnel et il y a un risque d’introduire un manque de stabilité, les ligues pourraient être dissoutes sans faute grave et en l’absence de motifs clairs. Aussi, l’article 7 qui impose des règles de distribution des revenus communs entre les clubs, est perçu comme un déni de la mission des ligues professionnelles, qui doivent avoir la liberté de définir elles-mêmes les modalités de cette distribution.

Et encore d’autres critiques !

L’article 3, qui oblige l’intégration des associations de supporters dans les instances dirigeantes des ligues, est jugé inapproprié. Les ligues estiment qu’un dialogue existe déjà via l’Instance Nationale des Supporters et que cette mesure pourrait créer des problèmes de légitimité, de représentativité et de gestion de la confidentialité. En un mot, que les fédérations gèrent bien le monde amateur, que les ligues pros gèrent bien les pros et ce n’est pas parce que certains sports font parfois « n’importe quoi » que les autres disciplines doivent « payer » pour celles qui gèrent moins bien. A mes yeux, l’arrivée d’un grand professionnel comme Nicolas de Tavernost à la tête de Lfp Médias devrait faire le plus grand bien au football pro, tout comme les récents présidents de ligue de rugby Yann Roubert ou de basket Philippe Ausseur. Mon souhait : que tout le monde travaille ensemble dans l’intérêt du rayonnement des disciplines du sport français et des sportifs.

LEGISPORT n°173 (mai-juin 2025), « Entre sponsoring et naming, le sport cherche l’équilibre ! »