Par Maître Michel PAUTOT, avocat au barreau de Marseille, rédacteur en chef de LEGISPORT
Après le Brexit, les tensions se ravivent avec la revendication d’indépendance de l’Ecosse, une des nations du Royaume-Uni, avec pour corollaire son adhésion à l’Union européenne.
Le 13 septembre 2021, le quotidien anglais Daily Telegraph écrivait sur la Première Ministre de l’Ecosse Nicola Sturgeon : « Sturgeon tells PM : you cannot decide our future ».Traduction :« Sturgeon dit au Premier Ministre : vous ne pouvez pas décider de notre avenir »….
L’Olympisme unit
Si cette poussée indépendantiste devenait réalité, le Royaume-Uni serait disloqué car la partie écossaise du drapeau de l’Union Jack disparaîtrait, ferait éclater la joie des Ecossais au son des cornemuses et entonner l’hymne national de l’équipe au « chardon » qui symbolise la défaite historique du Roi Edouard II d’Angleterre.
Aux Jeux Olympiques, l’Angleterre, l’Ecosse, le pays de Galles et l’Irlande du Nord participent à la même équipe Team « Great Britain » (GBR). On songe à l’exemple de l’Ecossais Andy Murray, vainqueur aux JO 2012 et 2016 (tennis). Pour certains, cela peut représenter un sentiment très fort.
Un va et vient entraîneurs, joueurs
A l’opposé, pour le football et le rugby, l’Angleterre et l’Ecosse ont leurs championnats et équipes nationales. Le match Angleterre – Ecosse est le plus ancien au monde en rugby (1871) comme en football (1872).
Malgré ces championnats distincts, joueurs et entraîneurs vont de l’un à l’autre. Le club des Rangers FC a reconquis le titre de Champion d’Ecosse en 2021 avec l’entraîneur anglais Steven Gerrard, ancien joueur emblématique de la sélection anglaise et de Liverpool FC, brisant la série du Celtic FC en Championnat (2012-2020). A l’inverse, l’histoire de certains clubs anglais a été très fortement marquée par l’influence des coaches écossais comme Alex Ferguson et Matt Busby à Manchester United FC.
Une voie avait été ouverte
Après ses succès avec Aberdeen FC, Alex Ferguson avait été recruté pour mettre fin à l’hégémonie de Liverpool FC et il a brillamment réussi. Avant lui à United, la voie avait été ouverte par Matt Busby, très novateur également. A Liverpool FC, le coach Bill Shankly a été célébre pour sa philosophie du foot. Côté joueurs, des Ecossais ont brillé en Angleterre notamment Denis Law (Manchester United) et Kenny Dalglish (Liverpool)…
Cette tribune a été publiée dans La Provence le 17 octobre 2021.
REACTION DE MAXENCE DAGHER, ECONOMISTE
Maxence Dagher, économiste nous a adressé la réaction suivante :
« Oui, le sport unit les peuples et il est important de souligner que des Ecossais ont contribué aux succès de clubs anglais.
Au-delà du football, l’avenir du Royaume-Uni s’annonce très incertain et beaucoup de « Brexiters » regrettent leurs décisions d’avoir voté en faveur du Brexit.
Ils sont amers et déclarent qu’on leur a vendu une illusion…
L’Ecosse attendra la sortie économique du Covid et ensuite elle frappera.
Le côté juridique de la chose interpelle et amène à ces interrogations :
1/ La législation européenne permet-elle d’intégrer une Ecosse légalement indépendante de l’UK sous droit britannique ?
2/ Une décision unanime des 27 Etats membres est-elle requise ?Ou une décision à la majorité qualifiée suffit-elle ?L’Espagne ne souhaite pas l’indépendance de la Catalogne et pourrait s’opposer à l’intégration de l’Ecosse pour cette raison.
La technique du divorce écossais est à suivre :
-/ L’Ecosse devra émettre sa propre monnaie une fois séparée et reconnue internationalement comme un Etat indépendant.-/ Ensuite elle devra candidater pour rejoindre l’UE.-/ Puis sa monnaie sera remplacée par l’euro.
Son effet sur le Royaume-Uni sera désastreux.
-/ Ceci veut dire la dissolution du Royaume-Uni. L’Union Jack ne sera plus le drapeau national.-/ Perte de la population écossaise, du pétrole écossais et de la contribution du PIB écossais au PIB britannique.-/ Affaiblissement de l’Angleterre, du Pays de Galle et de l’Irlande du Nord.
-/ Le Pays-De-Galles pourrait suivre rapidement l’Ecosse et Belfast pourrait se rallier à Dublin dans un proche avenir, ses intérêts économiques penchant plus vers le marché unique que vers une économie britannique exclue du marché financier européen ».
Maxence Dagher